Dernièrement, la direction de mon entreprise m’a envoyé à Annecy pour y assister à un colloque économique. Si la plupart des interventions ne m’ont pas laissé un souvenir impérissable, l’une d’elles s’intéressait cependant à cette question : comment un gouvernement est-il censé réagir à l’inflation ? Cette question m’a d’autant plus intéressé qu’elle n’a, de fait, jamais été résolue. Aujourd’hui encore, les économistes se divisent sur le sujet. L’intervenant commençait en s’appuyant sur un cas pratique et en déployant toutes les questions inhérentes à ce cas. Quel est l’effet d’un choc, tel que le doublement des prix pétroliers, qui frappe l’offre globale ? Du jour au lendemain, l’inflation a augmenté du fait que les entreprises ont répercuté la hausse de leurs coûts sur leurs prix. Supposons que l’emploi n’ait pas encore eu le temps de changer. Ce qui se produit alors dépend de l’action du gouvernement et de ce que les gens prévoient que le gouvernement va faire. L’intervenant exposait alors les deux possibilités auxquelles l’Etat était confronté. Supposons que ce dernier n’accompagne pas le choc. La croissance de la masse monétaire reste alors inchangée. L’inflation étant plus élevée, la masse monétaire réelle diminue, les taux d’intérêt montent et la demande globale se réduit. Il apparaît une récession keynésienne et une stagflation. La stagflation est une période pendant laquelle l’inflation et le chômage sont tous deux élevés. Elle est souvent causée par un choc qui frappe l’offre dans un sens défavorable. Progressivement, le chômage involontaire fait baisser les salaires ou modère les revendications salariales. Le taux d’inflation devient inférieur au taux de croissance fixe de la masse monétaire, et la masse monétaire réelle augmente à nouveau. L’économie finit par retrouver son taux de chômage naturel. Comme la croissance de la masse monétaire ne s’est pas modifiée, le choc qui a frappé l’offre n’a pas changé à long terme le taux d’inflation. Supposons maintenant que le gouvernement ait accompagné le choc qui frappe l’offre globale. Quand l’inflation se met à augmenter, le gouvernement accroît de façon permanente le taux de croissance de la masse monétaire, de façon à suivre la hausse du taux d’inflation. Il n’y aura pas de réduction de la masse monétaire réelle, même à court terme. La demande globale ne diminuera pas à court terme et le chômage n’augmentera pas. Mais l’économie se retrouvera avec un taux de croissance de la masse monétaire et un taux d’inflation en permanence plus élevés. Ce simple exemple illustre parfaitement le dilemme de la politique économique. Si le gouvernement refuse d’accompagner le choc, il faut traverser une période pénible de chômage avant que l’ajustement des salaires et des prix ne ramène l’économie à sa position d’équilibre à long terme initiale. Mais l’inflation à long terme n’aura pas augmenté. Par contre, s’il accompagne le choc initial qui a frappé l’offre et la hausse des prix, le gouvernement peut éviter une récession keynésienne en maintenant la demande globale. Mais c‘est au prix d’une inflation en permanence plus élevée. Ce colloque économique a dans l’ensemble posé plus de questions que de réponses, mais il m’a en même temps permis de découvrir Annecy. Et comme l’agence qui se chargeait de l’organisation nous a accordé des plages de temps libre entre chaque réunion, j’ai véritablement pu profiter de la destination, ce qui est assez rare pour être souligné. Plus d’information sur ce séminaire à Annecy en cliquant sur le site de l’organisateur.